Main Square jour 3: Danse, danse, danse

Nothing But Thieves, Modern Coma
Le groupe de rock alternatif Nothing But Thieves a assuré l'ambiance rock en début de journée.
Pour ce dernier jour du Main Square Festival d’Arras, on aura eu droit à plusieurs concerts qui nous auront fait sauter de bout en bout.

Le Main Square d’Arras, c’est déjà terminé. Toutes les bonnes choses ont une fin. Heureusement, dimanche nous aura réservé quelques bonnes surprises.

On commencera par évoquer les très attendus Nothing But Thieves. Le groupe anglais de rock alternatif, avec un soupçon de folk, a l’habitude des grandes scènes, eux qui ont joué pour Muse en première partie. Et cela se voit. Très à l’aise sur scène, le groupe enchaîne les morceaux tantôt énervés, tantôt dansants. Avec la voix haut perchée de leur leader Conor Mason, qui nous a fait penser à Thom Yorke, on pouvait s’attendre à ce que le groupe nous sorte hymne sur hymne à la façon de Muse. Pourtant, c’est lorsqu’ils retiennent les chevaux qu’ils se forgent une véritable identité sur scène, comme pour leur morceau Number 13. On a adoré.

De passage sur la Greenroom, on a pu assister à une partie du concert de Girls in Hawaii. Des belges que l’on connait bien. Ils ont l’habitude de tourner dans les festivals du nord de la France. Si leur indie pop élégante et léchée est toujours aussi jouissive, on avoue être un peu déçu du tournant pris par le groupe, beaucoup plus electro et dansant. Au final, ils perdent plutôt en originalité pour verser dans de la pop plus mainstream et donc forcément moins attachante. Dommage.

Eux par contre, ils ne déçoivent jamais depuis 30 ans. On parle bien sûr d’Akhenaton, Shurik’n, Kheops, Imhotep et Kefren. IAM était de retour à Arras, pile un an après son premier passage. Akhenaton n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler qu’il « tourne depuis 30 dans le nord de la France et qu’on y est toujours bien reçu« , déclenchant les vivats de la foule. Pour le reste, l’école du micro d’argent est toujours aussi énorme. Impossible de ne pas fondre devant le son délicieusement retro à base de scratchs de platine et les textes ciselés d’IAM. Une chose était sûre en observant le public. IAM, ce sont peut être des darons, mais ils continuent de parler à tous. Qu’ils soient nés ou pas lorsqu’ils ont explosé sur la planète France dans les années 90.

Beaucoup plus récent, sur la Green Room, au moment où le toujours (très) en forme Jamiroquai ravissait le public avec sa funk, on a pu assister au concert de Portugal The Man. Le groupe rock dansant au possible mondialement connu pour son excellent Feel it still a voulu montrer qu’il avait plus d’un hit dans sa besace pour tenir en haleine les spectateurs durant une heure. Sans grand succès. La scène s’est peu à peu vidée  jusqu’à ce qu’ils se décident à balancer leur petite bombe qui fait toujours son effet. Pour le reste, on louera la qualité de leur production, chaque instrument étant parfaitement à sa place. Mais hélas, la mayonnaise ne prend  guère avec ce mix entre rock et electro au final plutôt quelconque.

Choix étonnant, le duo superstar français Justice a été programmé sur la petite scène de la Greenroom. Ils ont pourtant le potentiel de remplir le Main Stage. D’ailleurs, ils ont joué devant un public serré comme des sardines pour assister au dernier DJ set de ce festival. Et quel séquence. Leurs sons électroniques furieux ont provoqué une des meilleures ambiances de ce Main Square dans la fosse. Impossible de ne pas sauter sur place face à leurs nombreux hymnes (le groupe tourne tout de même depuis 2003). Le meilleur du rock et de l’electro, c’est vers Justice qu’il fallait le chercher.

Et pour finir ce festival, Orelsan. De mémoire, c’est la première fois qu’un rappeur conclut le festival arrageois. Il succède à rien de moins que Radiohead (2017), Les Insus (2016) ou Pharrell Williams (2015), que l’on classera plutôt dans la catégorie hip-hop. Le rappeur rouennais a impressionné, commençant son show par un sublime freestyle avant d’enchaîner directement avec ses énormes succès que sont La Pluie et Basique. On s’est même demandé comment il allait tenir le public en haleine jusqu’à la fin. Mais il nous a prouvé qu’il en avait encore sous le pied. Il a suffit d’entendre le public reprendre Tout va bien pour comprendre que l’on était face à un véritable phénomène dont les morceaux sont déjà connus par cœur des fans.

Que dire de plus? Qu’il prouve qu’un rappeur de la nouvelle vague du rap conscient peut se passer de vocodeur et inviter de véritables musiciens sur scène? Que ce soit la batterie, le clavier ou le mellotron, les notes de musique n’étaient pas là pour soutenir ou combler des trous mais bien pour accompagner Orelsan dans ses diatribes. On ne parlera évidemment pas de ses textes, fins, superbement écrits, drôles et qui parlent à chacun de nous. Alors qu’Orelsan ne parle que de lui. Universel.

C’est ainsi que s’achève cette édition 2018 du Main Square d’Arras, qui nous a réservé encore une fois de belles surprises et quelques moments forts. Le tout accompagné par une météo parfaite. On espère autant, sinon plus dès l’année prochaine.