Petosaure : « On n’a pas assez de chercheurs musicaux »

Petosaure, Modern Coma
Le batteur Krispy Krust, le chanteur Petosaure et le génie du son Meunier oeuvrent ensemble pour composer une musique d'avant-garde. (Crédit photo: Valentin Nauton)

Nous sommes partis à la rencontre de celui qui se cache derrière les lunettes noires de Petosaure. Loin du marabout dérangé, on a découvert un véritable amoureux de la musique « à l’instinct ». Interview.

 

Modern Coma: Pourquoi Petosaure? C’est un drôle de nom.

Petosaure: « C’est une question qu’on me pose assez souvent. J’ai eu une maladie mentale entre mes 17-18 ans. J’ai été atteint d’une espèce de schizophrénie, ça a empiré puis ça a disparu. Et je me faisais appelé Petosaure pendant cette période. J’ai tué pas mal d’animaux, je le regrette beaucoup. Mais maintenant, cela va beaucoup mieux. Depuis que je fais de la musique, ça s’est complètement arrêté. Les médicaments ne m’avaient jamais rien fait. La musique a été un moyen de faire évacuer ce personnage, alors j’ai décidé de donner ce nom au projet. »

Comment est né le projet?

Petosaure: « C’est né il y a environ deux ans. C’est parti d’un seul coup. On se connaît tous depuis longtemps. »

Krispy Krust (le batteur): « On était dans la sphère metal avant. On se connaissait via différents groupes où l’on jouait ensemble. Je suis venu au studio de Meunier où enregistrait Petosaure. J’ai écouté et posé ma batterie dessus. Tout simplement. »

Petosaure: « Tout s’est fait très naturellement. On voulait faire de la musique extrêmement librement. Depuis qu’on a commencé la musique, beaucoup ont arrêté. On a choisi les plus amoureux pour ce projet. »

Il y a beaucoup d’influences diverses dans votre album le « Fantôme de l’enfant »…

Krispy Krust: « On a tous des influences diverses. Quand j’entends les morceaux que Petosaure compose, je fais des connexions avec les genres que j’écoutais plus jeune, le rock progressif, l’electro. Même si son univers [à Petosaure] est très personnel, on trouve des accroches pour poser notre patte. »

Petosaure: « Cela évolue énormément quand j’apporte les maquettes au studio. »

Vous travaillez sur un nouvel album?

Petosaure: « Oui, on a déjà composé tous les morceaux du deuxième album. On les joue en live avant de les enregistrer. On apprend à transformer la musique à ce moment-là. Un morceau va beaucoup évoluer avant d’être sur l’album. Je ne me sens pas musicien comme mes confrères mais le fait de jouer en live les morceaux et les voir se transformer, cela me donne l’impression de l’être. »

Le processus pour composer un nouvel album doit être assez long non?

Tous: « Non, c’est très naturel! »

Meunier (multi-instrumentiste et ingénieur son): « Cela va relativement vite. Tout se fait dans mon studio alors ça nous laisse une énorme liberté créatrice. Cela permet de garder quelque chose de très spontané. On a du temps et pas de pression des finances qui nous pèse sur la tête, c’est extrêmement libérateur. »

Petosaure: « Un groupe faut y croire, c’est très important. Le fait de sentir que tout le monde y croit. On a tous été dans un groupe où tout le monde n’a pas voulu emmener le bateau aussi loin que possible. Là, je suis avec des gens qui ont envie d’aller très loin et on a des ambitions démesurées. »

Bien que vous accordiez de l’importance à vos textes en français, vous laissez une large place aux instruments…

Krispy Krust: « C’est quelque chose d’instinctif. Il faut laisser la musique couler. C’est frais et naturel. »

Petosaure: « Il y a peu de construction au final. »

Le fait de ne pas rentrer dans une case, c’est un moyen de sortir du lot? Ou un handicap au contraire?

Meunier: « C’est une question que l’on ne s’est pas posée une seule fois. On a eu la chance de rencontrer des gens très vite qui ont cru dans le projet. On a été entouré pour que notre rôle soit de faire de la musique. On n’a jamais eu à se poser la question de comment on allait la vendre. »

Krispy Krust: « Aujourd’hui, à force de tirer les coûts de production vers le bas et d’être multicasquettes, on n’est jamais pleinement nous-même. Le fait d’avoir rencontré Alexandre [Dumont, leur manager, NDLR], cela nous a permis de faire ce que l’on sait faire de mieux : créer. »

Petosaure: « Pour moi, c’est très important de dire que je fais de la chanson française. C’est une langue magnifique. Il y a quelque chose de romantique que l’on arrive pas à trouver dans les autres langues. »

Vous avez un univers noir et crépusculaire. Qu’est-ce qui vous attire là-dedans?

Petosaure: « C’est très attaché à un univers d’enfant. Je suis passionné par ces univers, les films sombres comme Tim Burton. J’ai grandi avec cela. J’ai beaucoup joué aux jeux vidéo étant jeune. Il manque aujourd’hui d’univers fantasy, sombre et mystérieux. J’essaye de les fabriquer par la musique. Pour moi, c’est ce qui se rapproche le plus de la magie. Cela provoque des émotions très fortes, très vite. On arrive à retrouver tout le monde sur ces thèmes du mystère, du mystique. Je trouve qu’on n’a pas assez de chercheurs musicaux. Il faut investir dans la recherche musicale. Les groupes proposent des choses trop faciles aux auditeurs aujourd’hui. Peut être qu’un jour on trouvera notre trésor, on composera une musique qui touchera tout le monde et qui frappera tout le monde au cœur. C’est ce qu’on cherche. »

Quelle est la signification du nom de votre album, « Le fantôme de l’enfant »?

Petosaure: « C’est une musique complètement libre d’interprétation. Même lorsqu’on la compose. Mais ce sont d’abord des mélodies que j’ai gardées en tête depuis tout jeune. Ce sont des réminiscences du passé. Je n’ai jamais essayé d’étouffer la voix de l’enfant que j’ai été. Et que je suis toujours. Je m’en rends compte complètement, je suis toujours un enfant. C’est un album qui y fait entièrement référence. Tout s’est construit là. Quand on est enfant, on peut faire ce qu’on veut. C’est une musique qui doit inspirer la liberté de l’enfance. »

A l’occasion de la sortie de son premier album « Le Fantôme de l’enfant », Petosaure sera en expo-concert à la Péniche Antipode les 16 et 17 mai à Paris avec Jaky La Brune, artiste qui a peint une toile pour chacune des chansons de l’album « Le fantôme de l’enfant ».